"Mon contact à Pergrande dit qu’on n’a pas affaire à un élève mais qu’on a affaire au professeur. Quand la mafia monte une opération qui doit pas échouer, c’est à lui qu’ils font appel pour entraîner les troupes, d’accord ? C’est le genre de type qui boirait un bidon d’essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp. Ce mec là, tu le largues au pôle nord, sur la banquise avec un slip de bain pour tout vêtement, sans une brosse à dent et demain après-midi tu le vois débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu’aux oreilles et les poches bourrées de jewels. Ce type là est un professionnel. S’il atteint la plateforme, on sautera tous, et il restera plus qu’un grand trou au beau milieu d'Iceberg. Alors on va trouver ce type, le descendre et on sera débarrassé de ce fumier."

Comme vous l'aurez compris, Francesco est le gars sur qui on peut compter à tout moment, que ce soit pour son sérieux, son professionnalisme et surtout sa persévérance. Mais ce sera bien peu résumer son état d'esprit que de citer une réplique de film suivi de deux, trois adjectifs, non ?
La qualité première du mafieux n'est ni plus ni moins que sa ténacité, l'homme à la cicatrice n'est pas véritablement quelqu'un de têtu qui vous tiendra tête bêtement jusqu'à ce que vous lâchiez prise, loin de là ce genre de ténacité ! Dans le cas du beau brun il s'agirait plutôt de l'essence même de sa vie, on parle ici de ténacité comme l'on parle de vengeance et de but atteint avec persévérance. Francesco n'oublie jamais qui sont ses alliés et qui sont ses ennemis, faite lui une crasse et il vous le rendra un jour où l'autre quitte à vendre son âme au diable. Tout ceci n'est pas de la rancune ou plutôt disons que cette rancune n'est pas mal placée, cela est dans sa nature de businessman, la justice est égalitaire et les affaires aussi, si vous donnez alors vous prendrez et vis versa. À partir du moment où le mafieux se fixe un but, rien ni personne ne l'arrêtera, même si son corps est réduit au stade d'un tas de poussières ou que son âme est brisée, il rampera à même le sol et la crasse jusqu'à planter ses crochets de serpent dans la gorge de sa victime : en soi, un parfait exemple pour l'emblème de la guilde.

Continuons ainsi sur les qualificatifs de sa personnalité et nous arrivons à présent sur un point important qui est très apprécié chez le mage d'Ouroboros : son calme. Allié à sa personnalité très sérieuse, le trentenaire est à l'image de sa magie un bloc de glace froid et solide. Le mafieux ne commet et ne commettra jamais de débordements liés à son impulsivité, toujours souriant, poli et courtois, son calme et son sérieux s'accompagnent d'une rigueur exemplaire. L'homme est une figure d'exemple sur ce point, toutes ses actions sont murement réfléchies, prenant des décisions avec calme, il est souvent arrivé dans sa jeunesse que le jeune cleaner soit appelé afin qu'il puisse exercer le métier de conseiller le temps d'un soir ou deux. Frappez-le, torturez-le, éliminez ses proches et le garçon vous dressa toujours un grand sourire courtois et vous ne sentirez même pas une pointe d'animosité dans sa voix. Certaines personnes pourraient en prendre de la graine.

En lien avec les deux précédents points, nous abordons maintenant le côté calculateur et manipulateur de l'animal. En effet, le mafieux a acquis au cours de sa carrière une expérience qui lui apprit une seule chose : la gentillesse et la vérité sont les meilleures alliées des menteurs et des tricheurs. Le balafré usera toujours de tous les moyens possibles et imaginables afin de vous mettre dans sa poche et d'atteindre son but. La différence entre ami et un ennemi ? Vous ne la verrez pas mais lui, il la connaîtra parfaitement. Pour être plus précis, le cerveau du mafieux est un livre de comptes, tenu avec un extrême minimalisme et une grande rigueur : rangeant les gens dans des catégories, au final il traitera tout le monde de la même manière jusqu'au moment où l'ennemi finira avec un poignard en travers de la gorge.

Un aspect tout aussi important mais bien moins connu du commun des gens, le mage ne possède aucun ego et presque aucun code d'honneur. Tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins et si le jeune homme doit vendre son corps ou bien lécher les bottes de quelqu'un il le fera avec le sourire. Le monde appartient à ceux qui tendent la main pour l'attraper, toutes les opportunités sont bonnes à saisir même si cela implique de perdre son humanité ou d'en recevoir les conséquences. On pourrait presque croire que le personnage est vide à l'intérieur et ce ne serait pas mentir, sous ses airs de reine des glaces, se cache une âme emplie uniquement par la vengeance et le vice de l'argent. C'est très certainement l'aspect le plus dangereux chez le beau brun, personne ne peut être certains de son affiliation ni de ce qu'il pourrait être capable de faire, la seule garantie possible n'est autre que sa parole. Du fait de sa déformation professionnelle en business man, la vipère a appris à négocier en donnant sa parole, de ce fait c'est la seule règle immuable en ce qui concerne le mage de glace.

Malgré tous ces aspects plutôt négatifs qui pourraient laisser penser que le mage noir est un pourri de la pire espèce, il y a une particularité qui fait changer la balance en faveur du ténébreux. Ce dernier a bon fond. Cela ne changera jamais le côté tragique de ses exactions et il le sait pertinemment et malgré qu'il soit prêt à tout pour parvenir à ses fins, si ce dernier peut éviter les morts inutiles et les dégâts collatéraux, il les évitera de la plus ferme et pure intention. Tuer des femmes et des enfants, ne fait partie ni des envies ni des buts du mafieux : parfois il est nécessaire de commettre des victimes mais Francesco ne fait pas partie de ces psychopathes qui tuent uniquement pour le plaisir. L'assassinat est un business man comme un autre et étant le roi du business le Montano à un intérêt certains d'y avoir quelques actions bien placées. De plus, l'objectif Numéro Un du mage noir qui consiste en la destruction du conseil magique est né d'un sentiment d'injustice, dès lors bien qu'elle soit très personnelle et controversée, Francesco acquis au plus profond de lui un rêve de justice. Bien qu'il soit un brin sadique envers les autres criminels.

Pour terminer, le meilleur pour la fin, la cerise sur le gâteau : le mage d'Ouroboros est atteint d'une avarice poussée à l'extrême. Depuis l'épisode traumatisant ayant eu lieu durant son enfance, le mafieux a développé un rapport à l'argent bien particulier. L'argent est roi, l'argent peut tout acheter et tout à un prix en ce bas monde. Telle est la manière de penser de Gashface. Si bien qu'à partir du plus jeune âge, la vipère a cherché à acquérir richesses et monopole, au point d'en développer certaines tares dans son langage. En effet, il est chose commune d'entendre parler de bénéfices, de profits, d'intérêts lorsque Francesco s'adresse à quelqu'un et ce, peu importe le sujet. L'homme de l'ombre ne cesse d'être obsédé par le marchandage et le business, Francesco en a même adopté toute une attitude de travail : ses mains sont faites pour le marchandage, ses pieds pour la magie. Tel est le dicton de la reine des glaces. D'ailleurs fait peu surprenant, mais le mage du froid a une sérieuse tendance à s'exprimer avec ses mains, le tout ponctué à ses phrases d'entrepreneur rend souvent les conversations bien trop financières.

Pergrande Kingdom – An X782
La chambre d'hôtel venait de plonger dans le silence et la pénombre, dehors l'on pouvait encore entendre l'agitation naissante des voisins de chambre, dans le couloir pas un bruit comme si tout ce calme était maintenu par quelque chose de terrible, ce n'était pas le calme avant la tempête, non ici l'ouragan avait déjà frappé, il s'agissait du languissant murmure des décombres. Dans cette chambre, une porte s'entrouvrit laissant alors la pièce principale baigner d'un rideau de lumière ambrée. Dès lors l'on pouvait voir gésir sur le sol le corps inerte d'un homme à la bedaine un peu trop prononcée pour son âge, cet individu devait avoir une trentaine d'années si ce n'est un peu plus, une petite moustache encore emplie de gouttes de champagne, sur sa poitrine un petit impact au niveau du cœur, la personne qui avait procédé à ce chef-d’œuvre avait été rapide nette et précise. À la tenue du malheureux, un peignoir blanc crème digne des hôtels de la côte, on pouvait déjà retracer toute la scène : l'artiste était entré par la porte principale au moment idéal pour s'installer, il avait surpris sa victime qui venait tout juste de sortir de la salle de bain puis d'un geste d'une extrême précision, il avait percé la cage thoracique de ce dernier en plein au niveau du cœur. Coup fatal. L'homme, une flute de champagne à la main n'avait certainement pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait que son sang devait déjà recouvrir la moquette couleur verte émeraude de l'hôtel. Pourquoi tout ceci était arrivé ? Pourquoi cet homme en particulier ? L'ambiance était recouverte d'un voile de mystère puis soudain un petit sifflement joyeux, festif, une chanson en soi résonna, un homme était encore là dans cette chambre.
Une veste noire pendue à la poignée de porte, le garçon était là penché sur le lavabo, remettant soigneusement les boutons de manchette de sa chemise tout en sifflant un petit air, un sourire doux et paradoxalement glacial sur le visage, il se regarda plusieurs fois dans la glace, caressant quelques secondes sa cicatrice. Oui, il s'agissait bien de Francesco. Aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres, c'était un heureux anniversaire ! Le jeune mafieux prit le temps pour soigner sa toilette, il y avait eu plus de sang que prévu aujourd'hui, le travail se devait d'être et il avait été fait mais à présent il devait se rentrer car son très cher invité ne devait pas attendre pour ce moment si spécial. Les cleaners arriveraient bientôt, juste le temps de se reparfumer et de se recoiffer. Il se retourna attrapa sa veste, qu'il avait soigneusement posée pour ne pas faire de plis, l'enfila dans un geste impeccable et rigoureux. On sentait que le jeune homme avait de l'expérience et de la précision, il n'en était pas à son premier meurtre. Toujours en chantonnant, le jeune homme regarda alors à sa montre, il serait bientôt dix heures, s'il ne se dépêchait pas le chauffeur avait pour ordre de partir sans lui. Toujours avec ce sourire glacial et en sifflant la même chanson, il enjamba le vulgaire morceau de viande qui se tenait entre lui et la sortie, il laissa la lumière puis sortit dans le couloir. Ses hommes de main se tenaient prêt non loin de la porte, d'un simple geste de la tête, il fit comprendre qu'il était temps d'y aller, le chauffeur pouvait faire apprêter la voiture.


La tête accoudée contre la vitre teintée arrière de la limousine, le jeune Francesco avait eu le temps de s'assoupir durant le trajet. Un visage toujours aussi souriant, le jeune homme se remémora cette journée il y a de cela quinze années. Un jour des plus funèbres, un jour des plus marquants, sa cicatrice le démangeait à mesure que le souvenir s'écoulait puis alors qu'une voix familière cria son nom d'une voix stridente et larmoyante dans sa tête, le jeune mafieux ouvrit violemment les yeux. Tout ceci n'était qu'un rêve, un terrible souvenir, un fardeau qu'il se devait d'éliminer. Mais tout tombait à pic, c'était justement aujourd'hui le jour où tout s'achèverait. Le chauffeur murmura une nouvelle fois le nom de son patron, ils étaient arrivés, se frottant légèrement le visage Francesco fit signe à son homme de main que tout allait bien. La voiture s'était arrêtée devant ce qui semblait être un somptueux manoir. L'architecture assez moderne en soi, laissait présager que le bâtiment était plutôt neuf, dehors une multitude de gardes et de chien faisaient le tour du jardin pour surveiller si le moindre mulot pointait le bout de son nez. Francesco descendit de la voiture, enfila ses mains dans ses poches puis reprenant le petit sifflement il se dirigea à l'intérieur d'un pas franc et décidé.
Sur le chemin les gardes firent tous la révérence au jeune mafieux, à n'en pas douter le jeune homme était chez lui. Il semblait à la fois être craint et respecté, au point que plus il avançait vers la pièce centrale de la demeure, plus ce qui semblait être les grosses têtes de la pègre s'agglutinèrent derrière lui, tel un gang en réunion de famille. Le mage de glace arriva alors devant deux immenses portes ornées de dorures et de la lettre "M". Sortant lentement ses mains de ses poches, il les posa à la parfaite symétrique sur chaque porte puis d'un grand coup, il ouvrit ce qui semblait être un immense bureau. Au loin, un homme d'un âge un peu avancé se tenait sur un immense fauteuil en cuir, un lacryma de communication à la main, le tout en train de crier dans tous les sens des injures. Lorsque ses yeux croisèrent ceux de Francesco, il se leva puis écarta les bras comme pour faire signe au jeune mafieux de l'enlacer puis d'un accent coupé au couteau, il lança alors que Francesco s'avançait vers lui à petits pas : "Tu le crois ça ! D'abord Frank et ce soir j'apprends que Philippe ne répond plus, tu le crois ça ! À croire qu'ils essayent de m'évincer, moi ! Le grand Tony ! Baaah ! Viens dire bonjours à ton père, heureusement que je t'ai toi !" Le jeune gashface s'avança un peu plus près de son père l'enlaça dans une grande accolade puis alors que son père passait son bras autour de ses épaules tout en le chahutant un peu, il émit un petit rire forcé et discret avant de lui souffler avec douceur : "Les lasagnes étaient bonnes ce soir, papà ?", le vieux acquiesça avant de dresser une moue dubitative : "Ma qué ? C'était pas mal, la viande un peu... nervo mais ça avait du... gusto !" avant de porter le bout de ses doigts à sa bouche en signe de contentement. Le jeune mage acquiesça à son tour souriant de plus belle à son père, un sourire pour une fois sincère.  

Puis il se recula un peu de son père, lui tourna le dos faisant quelques pas vers la baie vitrée qui surplombait le jardin, il inspira profondément puis reprit : "Alors cette pourriture de Frank avait bon goût finalement... Ironique.". Il refit demi-tour, le visage toujours aussi stoïque mais souriant, faisant face à son père dont le visage se marqua d'une étrange incompréhension et d'une stupeur. Le mafieux porta un coup de pied à l'estomac de son père puis soudain, un petit éclat de glace jaillit à la base du ventre du père et le transperça. L'homme s'écroula sur le sol, une main posée sur la plaie saignante à flot, le visage noyé dans l'incompréhension et la peur de mourir, les yeux cherchant à s'ancrer dans ceux de son fils. Francesco caressa sa cicatrice expliquant la situation. Le pourquoi du comment, pourquoi ses hommes de main avaient subitement disparu, pourquoi petit à petit tous les plans du vieux mafieux tombaient à l'eau et pourquoi les chevaliers runiques ne le couvraient plus autant. Sentant le piège se resserrer autour de son cou, le père commença à sentir les larmes du désespoir monter aux yeux et dans un crie de douleur il lança : "Tu quoque mi fili". Francesco s'accroupit alors non loin de sa figure paternelle plongeant enfin son regard flamboyant dans celui de son père puis il dit avec douceur et toujours ce sourire glacial : "La famille avant tout papà, c'est toi qui me l'as appris. Je te passe les salutations de mamà." Puis lui crachant au visage, il se redressa, leva le pied en l'air avant de l’abattre d'un geste rapide, puissant et froid sur le crâne de l'ancêtre. L'ère du vieux Tony était révolue, c'était à présent Francesco qui dirigerait non pas d'une main de fer mais d'un pied-de-glace cette entreprise familiale. Faisant de léger rond dans l'air avec son indexe, deux hommes se dirigèrent alors vers la dépouille du vieux pour le débarrasser et nettoyer la scène. Francesco s'écrasa alors dans le fauteuil tant convoité, puis regardant la lune qui dansait au milieu des étoiles il soupira d'aise en reprenant son petit sifflement. Est-ce que sa mère le regardait de là-haut ?

Pergrande Kingdom – 15 ans plus tôt – An 767
Francesco Montona qui serait surnommé plus tard dans le métier "Gashface", n'était qu'un petit garçon lorsque le monde des adultes et des complications le rattrapa. Né dans un environnement de misère que l'on nommait bidonville, le jeune garçon était le fruit d'une liaison amoureuse passionnante et passionnée entre un jeune parrain de la pègre dont le marché était en pleine croissance et d'une ravissante diva dont la popularité naissante avait attiré plus d'un regard. La demoiselle Elvira Pausini sous le charme de l'interdit, du déconseillé et du tempérament indomptable de Tony Montona n'avait su reculer et s'était enivrée dans une relation fusionnelle qui la força à arrêter sa carrière. Rapidement sa vie devint celle d'une femme entretenue qui était là dans chaque décision que prenait son bien-aimé, ils se marièrent rapidement loin de tout regard et de toutes embrouilles judiciaires. À l'époque rien n'aurait pu la prévenir que le scénario tournerait vite au drame. Alors que tout allait bien pour le meilleur des mondes, ce qui devait arriver arriva, la jeune femme nageant en plein dans le bonheur attendait une heureuse nouvelle, elle portait l'enfant de son amant, le fruit de leur amour si fort. Malheureusement la nouvelle ne fut pas aussi bien reçue par le père de famille, l'annonce d'une progéniture rendit le mafieux fou de rage et petit à petit ce dernier commença à se désintéresser de sa femme. Tony cacha de plus en plus ses affaires, enchaînant les tromperies et menaçant même d'en finir avec elle et le bébé. Elvira tenait plus que tout à cet enfant et plus l'amour qu'elle avait éprouvé pour son mari s’estompait, plus la peur pour sa descendance s'installa. Elle décida de fuir la résidence Montona plusieurs fois malheureusement les hommes de main du mafieux la retrouvèrent à chaque fois. Elle pouvait fuir le pays, demander l'asile ou se cacher auprès des chevaliers runiques, il n'y avait pas de solution... Elvira était prisonnière de son propre destin. Le désespoir s'empara complètement d'elle, devait-elle attendre de voir la naissance de son fils avant que ce dernier ne se fasse tuer par son propre père. Le jeune Tony d'autres fois, ressemblait à présent à un ignoble personnage avare de pouvoir et fuyant ses responsabilités familiales. En effet ce dernier était devenu parrain de ce réseau de drogue suite à l'assassinat de ses parents qu'il avait lui-même orchestré, il avait ensuite évincé un à un ses frères et sœurs se murant dans une sorte de paranoïa contre toute relation familiale. Jusque-là seule Elvira avait réussi à percer l'amure du beau Tony mais suite à cette nouvelle, sa compagnie semblait plus être un poison qu'autre chose. Finalement c'est suite aux conseils d'une gouvernante que la demoiselle eut l'idée d'une autre tentative de fuite : alors que l'accouchement était prévu pour bientôt et qui lui était déconseillé de beaucoup voyager, elle profita d'un moment de confusion lors d'une sortie pour s'échapper non pas le plus loin possible mais près tout près d'ici. Elle se réfugia ainsi dans les bas-fonds de la cité, au cœur même de la misère, dans les bidonvilles. Ici la population s'agglutinait en masse et il était presque impossible de la retrouver, c'était peut-être une vie de misère et de temps rudes mais elle pourrait donner naissance à son fils et lui faire connaître l'espoir d'une vie meilleure.

Et c'est dans cette ambiance des bas-fonds et de pauvreté que grandit le jeune Francesco, les dix premières années de sa vie furent malgré tout, bénies de douceur et de gentillesse, il découvrit le bonheur d'avoir une grande famille. Regroupé dans la misère, les gens apprenaient à devenir humain, à se serrer les coudes devant toutes les difficultés de la vie. Ils étaient peut-être pauvres mais ils avaient à la fois plus grande richesse que l'humanité pouvait leur offrir. Le jeune enfant d'un tempérament joueur et aventureux était connu de tous au sein du bidonville, sa mère avait d'ailleurs eu la bonne idée de changer d'identité à l'époque Elvira et Francesco se faisait appeler la famille Malinconia, bien qu'au sein du bidonville l'utilité d'un nom était nulle. Francesco avait une multitude de frères et sœurs de cœur, notamment une charmante voisine du nom de Lily naît la même année que lui, ils étaient si proches que les deux familles passaient le plus clair de leur temps ensemble. Les parents de Lily avaient été victimes de la guerre si bien que sa mère n'avait pas pu supporter l'accouchement de sa fille et que son père plongé dans le désespoir s'était réfugié dans l'alcool avant de se réfugier ici. Elvira avait été d'une grande aide pour le père de Lily qui gardait espoir pour sa fille et au final tout ce beau monde apprenait non pas à vivre mais survivre les uns grâce aux autres. Malgré tout, Francesco gardait un secret plus grand et plus dangereux que la plupart des gens de cette ville sous la ville : il était l'unique héritier d'un des plus grands parrains de la pègre du pays, Tony Montona. Sa mère lui avait toujours répété qu'il devait taire ce nom mais qu'un jour s'il était danger ce dernier pourrait lui sauver la vie, ne comprenant pas clairement la situation au vu de sa dizaine d'années le garçon avait simplement l'impression d'être un privilégié de posséder un secret dont il pouvait être fier, comme un pirate gardant avec vigueur son trésor. La seule chose que comprenait le petit garçon c'est que ce nom était la seule chose qui le rattachait au monde "normal" et à son père.
Mais alors que par un jour comme les autres, les deux innocents enfants jouaient innocemment dans leurs coins, une petite bagarre éclata entre Francesco et deux garçons plus âgés qui apprenaient les rudiments du racket. Le futur mafieux s'était jeté en avant pour protéger son ami tandis que les deux autres adolescents s'étaient empressé de le menacer. Un combat des plus lamentable eut lieu, bien que Francesco sût se battre pour son jeune âge, une fois bloqué par un des deux jeunes imbéciles, il se fit vite ruer de coup mais il avait su protéger son ami. Pourtant un goût amer resta dans la bouche du petit vaincu, un goût qui n'était pas celui du sang malgré des blessures choquantes mais celui de l'amertume, de la défaite et de l'injustice. C'est alors que Francesco cria dans un élan de colère qu'il était le fils de Motona et qu'il se vengerait, une provocation qui n'eut pas l'effet escompté sur les deux grands benêts qui ne comprenait pas la situation et qui s'en allèrent comme si de rien n'était mais en revanche cette phrase marqua sa jolie protégée, la petite Lily.

En effet tout aussi innocente que le jeune Francesco, la petite ne put s'empêcher de raconter la vaillante histoire de son ami à son père, après tout il avait mis en péril sa vie pour la protéger elle cependant un détail de l'histoire ne laissa pas le vieil homme de marbre. Le père de Lily, était devant un débat de taille, vendre son amie et son enfant contre la chance de repartir dans la vie active, la vraie vie ou continuer à errer dans cette cité en ruine tout en ajoutant le poids de ce secret sur ses épaules. Malheureusement l'avarice des hommes était un des plus grands fléaux de ce monde et rapidement le choix fut fait. C'est avec stupeur qu'un beau matin Elvira et Francesco découvrirent que Lily et son père avaient fui dans la nuit. Il est vrai que beaucoup de gens allaient et venaient dans les bidonvilles mais pourquoi ces deux-là seraient partis sans rien dire ? Tout ceci ne présageait rien de bon... Une petite semaine s'écoula suite à leur départ et la vie devait déjà reprendre cours, le petit Francesco avait perdu sa meilleure amie, sa sœur et peut-être sa première histoire d'amour mais cela ne devait pas l'arrêter. Pourtant ce matin-là, alors que Elvira faisait l'école à son petit bout de chou, un homme en imperméable noir, le visage couvert de cicatrices fit irruption dans ce qui faisait office de maison à la petite famille. Le visage de la mère se couvrit de stupeur et comprit dès lors la situation, elle se mit dressa devant son petit les bras écartés en signe de protection tandis qu'elle hurla à son petit de fuir le plus vite possible. L'homme qui se tenait, Francesco ne l'oublierait jamais : il s'agissait du bras droit de son père, le terrible Frank Lopez alias la brute. Lorsque Tony faisait appel à lui, il n'y avait jamais de survivant, parfois on l'appelait aussi le boucher en raison des bains de sang que retrouvait la section criminelle. Ce jour-là, Francesco couru de toutes ses forces, il courut si vite que la plante de ses pieds se mit à saigner sous les gravats de la route. Sa mère venait de lui dire de fuir mais fuir où ? Il n'avait connu que le bidonville, qui pouvait-il aller voir ? Les petits vieux qui se cachaient sous le pont ou bien encore les toxicos qui se regroupaient non loin d'une des pharmacies de la grande ville. Cela ne rimait à rien, de plus le petit brun ne pouvait laisser tomber sa mère, ainsi il se dirigea vers le centre de chevalier runique qui se situait tout juste à la frontière du bidonville. Bien que la plupart de ces chevaliers étaient payés pour ne laisser passer aucun jeune délinquant s'échapper de ce dépotoir vivant, il s'agissait ici d'une situation d'urgence et le petit Francesco était dans ses droits. Sautant par-dessus le mur d'enceinte avec une agilité déconcertante, il arriva devant le petit poste de garde où se tenaient quelques chevaliers runiques. Attrapant le chevalier le plus proche il hurla de panique et de précipitation que sa mère allait se faire tuer et qu'il lui fallait de l'aide. Ces hommes étaient là pour ça, non ? Le conseil veillait sur la protection de ses citoyens, non ? C'est alors que celui qui semblait être le responsable de poste fit signe au jeune Montona de lui montrer le chemin. Ils étaient sauvés ! Enfin c'est ce qu'il espérait.

S'arrêtant en pleine course devant la cahute, Francesco et le mage runique arrivèrent devant la sanglante scène. Elvira avait le visage couvert de sang, elle tremblotait mais semblait encore montrer des signes de vie, c'est alors que se tourna la brute le poing encore rougi par le sang. Le petit garçon serra les poings et les dents le regard empli de haine, il n'avait jamais connu un sentiment si fort, il avait envie de se jeter sur l'homme et de le frapper au visage jusqu'à ce que mort s'ensuive, pourtant ce fut le mage runique qui s'avança le premier voulant porter secours à la dame en détresse, malheureusement le destin frappa de plus bel. Le nom que Francesco chérissait depuis tout ce temps, son fameux trésor caché allait lui jouer un tour de plus. Le boucher prononça alors le nom de son père et sortit dès lors une liasse de billets verts, c'était la première fois que le futur mafieux entendait ce prénom : Tony Motona. C'était donc lui, l'immense tas d'ordures qui avait engagé cet homme pour commettre ça, le mage runique ne devait pas laisser passer un tel acte impuni ! Pourtant Francesco découvrit la dure réalité de ce monde, le chevalier hésita un instant regardant ce que lui proposait l'homme aux cicatrices puis il saisit la masse de jewels qui se présentait devant lui avant de la fourrer dans son manteau puis de porter son regard vers le petit garçon. L'instinct primitif qui se cachait dans le petit garçon lui murmurait de courir, tremblant de peur le petit fit un pas en arrière avant de se faire plaquer violemment contre le sol, le chevalier runique était en train de lui faire une clé de bras, l'autre main posait sur sa tête le forçant à attendre et regarder ce qui allait se dérouler sous ses yeux. Francesco ne comprenait pas, ne pouvait comprendre, comme un enfant de dix ans à l'esprit aussi pur qu'une none pouvait comprendre ce genre de chose. Il pouvait simplement voir la silhouette du boucher venir embrasser sa mère et parcourant ses formes de ses mains, le tout bercé dans les gémissements de sa mère encore endolorie et des murmures du chevalier qui n'avait de cesse de dire : "je suis désolé". Oh le pauvre petit garçon, il était désolé de ce qu'il allait détruire. Francesco avait beau se débattre, ses larmes commencèrent à couler le long de son visage lorsqu'il vit la chose se produire. La brute déchira les vêtements de sa mère avant de se pencher au-dessus d'elle puis de commettre l'irréparable. Remuant les reins tel un petit automate bien conçu pour la chose, Elvira gémissait en demandant de l'aide ou bien à Francesco de ne pas regarder. Pourtant il regarda, se mordant les lèvres jusqu'au sang, les yeux remplis d'une rage indescriptible, il les ferait payer ! Il les ferait payer tous, tous ceux qui avait eu l'audace de détruire son enfance, sa vie, son monde. Le jeune garçon grava chaque détail dans sa mémoire, se rappelant le visage de cette ignoble crapule qui venait d'abuser de sa mère. Une fois la sale besogne faite, le boucher dégaina une arme de son imperméable puis tira trois coups en direction de la tête d'Elvira. Francesco avait beau crier, sa mère ne reviendrait plus à l'heure qu'il était et elle était sûrement dans un monde meilleur. Franck Lopez fit signe alors au chevalier runique de s'en aller, l'homme corrompu hésita quelques instants puis s'en alla aussi vite qu'il était arrivé puis pointant son arme vers la tête du petit Montona, celui-ci les yeux toujours remplis de haine colla sa tempe contre le revolver et dans un large sourire lança : "Ne te loupe pas, moi je ne te louperai pas". C'était une provocation des plus suicidaires et étonnantes pour un garçon aussi jeune mais parfois poussé au bord du gouffre certaine personne pouvait agir bien bizarrement. Énervée par ce comportement la brute donna un violent coup de pied dans le ventre du petit, ce qui eut le mérite de l'envoyer contre le mur puis il tira un seul coup en pleine tête, Francesco plongea alors dans les ténèbres entre la vie et la mort avec pour seul espoir sa volonté et sa rage.

Frontière de Pergrande et Iceberg – une semaine plus tard – An 767
Francesco entrouvrit doucement les yeux, son corps était encore endolori et il lui était impossible de bouger, seule la tête pouvait tourner mais non sans peine, sa joue droite lui faisait terriblement mal et lui était bien impossible d'ouvrir ne serait-ce que la mâchoire. Où était-il ? Était-il en vie ? Que s'était-il passé ? A en jugé au premier abord il s'agissait d'une maison, bien qu'elle lui parût bien petite quelques années plus tard, le futur mafieux était subjugué par la beauté et l'espace des lieux. Il n'avait jamais connu de pareille merveille, cette petite maison en bois, était de long en large remplie de fioles et de bibliothèques. Le ciel brillait de mille feux par la fenêtre, le paysage montagneux était relativement couvert de neige, dehors l'on pouvait apercevoir une multitude d'animaux qui vivait là en paix. Francesco avait rarement eu la chance de voir de telles créatures, hormis dans les illustrations de sa maman ou les oiseaux dans le ciel, il n'y avait que les rats et autres rongeurs dans la boue. Était-ce ça le paradis ? Le jeune mage ne comprenait décidément pas tout ce qui arrivait puis il porta son regard à son corps, celui-ci était couvert d'une épaisse couche de glace qui l'empêchait de se mouvoir, son corps lui était recouvert de légères brulures, que s'était-il passé à la fin ? C'est alors qu'une silhouette assise non loin se redressa avant de se diriger vers lui. La silhouette appartenait à un immense homme, d'un âge plus que prononcé, il pose doucement sa main sur le front de Francesco comme pour mesurer sa température puis se mit à parler d'une voix grave et particulière. Il s'appelait Rasgado, un mage en mission qui était passé dans le coin et avait vu le bidonville en feu et avait retrouvé comme seul survivant le jeune Francesco figé dans un immense bloc de glace. Le jeune Montona ne comprenait pas tout ce que lui disait la vieille montagne de muscle, cela parlait d'éveil et de potentiel magique mais le garçon n'arriva pas à tout retenir et rapidement le côté droit de son visage le brula, le plongeant de nouveau dans un sommeil forcé.  

Le jeune mage se réveilla quelques heures plus tard, étrangement toute la glace qui l'entourait s'était envolée comme par magie, se levant avec difficulté, le jeune Francesco refusa toute aide venant du grand-père. Le petit garçon était encore traumatisé parce que pouvaient faire les hommes et ne se sentait pas en confiance malgré la situation. Trébuchant à plusieurs reprises, il arriva difficilement à se tenir face à un grand miroir, tout le côté droit de son visage était couvert de nombreux bandages, face à cette triste vue la stupeur s’empara de lui et réveilla les souvenirs des évènements. Le boucher lui avait tiré en plein visage, l'avait loupé et alors que son corps était en train de comater, le mafieux avait mis le feu à leur cabane qui s'était rapidement consumée afin de bruler toutes traces des corps, pas de chance quelque chose c'était réveillant en Francesco. Quelque chose au plus profond de lui l'avait protégé, il voulait vivre, vivre pour se venger, vivre car il était encore trop jeune pour mourir. La glace s'était alors formée autour de son corps le congelant et le protégeant du feu. Sa mère et sa vie d'avant étaient partis en fumée, face à cette situation il s'écroula en larmes, c'est alors que le vieux Rasgado posa une main chaleureuse sur l'épaule du petit garçon, il lui proposait de lui apprendre la magie et de repartir à zéro, est-ce que la chance lui souriait enfin ? Les jours qui suivirent, le garçon se mura dans le silence, inanimé, vidé de toute motivation et de toute bute si ce n'est honoré le corps de sa défunte mère. Le petit garçon marcha quelque temps dans les alentours de la cabane, profitant de la générosité de Rasgado, récupéra du bois puis fit une maigre croix dont il était peu fier mais c'était tout ce qu'il pouvait faire à l'époque. Il honora ainsi les mémoires de sa défunte mère Elvira puis se résigna. Il ne pouvait partir se venger comme ça, il n'était qu'un petit garçon de dix ans sans éducations, sans compétences, il n'avait juste que sa colère pour lui... Il était pitoyable... Francesco accepta la main tendue que lui proposait le vieux sage et se lança dans l'apprentissage de la magie, s'il avait un réel potentiel alors il devait l'exploiter !

Pergrande Kingdom – huit années et quelques mois plus tard – An 775
Le petit Francesco avait bien grandi, il était à présent un homme grand fort et encore un peu boutonneux. Durant ces huit dernières années, le jeune homme avait passé le plus clair de son temps à étudier, s'entraîner au combat et surtout à maîtriser la magie. Son mentor l'immense Rasgado n'avait pas pu le former complètement, lors de la première année il lui apprit les bases de la lecture et de l'écriture, il lui apprit beaucoup de choses sur la vie et sur le fonctionnement de la société. Petit à petit une relation s'installa entre eux et le petit garçon s'attacha au vieux mage qui faisait office de remplaçant à son père. Le mage de glace reprit espoir en l'homme et redécouvrit les joies de la vie, toutes ces choses qu'il n'avait pu faire ou ne serait-ce qu'imaginer, rien que la liberté de pouvoir voyager où il voulait, tout ceci il le devait à Rasgado. Mais qui était cet étrange vieillard ? L'homme à la stature gigantesque était un fier mage de la guilde d'Ouroboros, Francesco était tel un petit garçon les étoiles plein les yeux lorsque le vieil homme lui racontait ses exploits de mission, depuis peu il avait été obliger de fuir la situation géopolitique à cause d'un combat de taille entre sa guilde et le conseil. Le vieil homme ne voulait prendre part dans ce conflit destructeur, non pas qu'il fuyait sa famille mais plutôt qu'il cherchait à atteindre le calme et la sérénité, il avait perdu beaucoup trop d'être cher pour revoir un bain de sang. C'est auprès de cet homme que le futur mafieux affutât son calme légendaire, peu importe la douleur peu importe les obstacles, le mage restait serein et calme. Francesco n'oubliait pas ce qu'il avait vécu mais la vie auprès de Rasgado le fit hésiter sur sa vengeance, il avait peut-être trouvé une autre famille et la haine n'attisait que la haine, pourtant quelque chose au fond de lui continuait de réclamer son dû. Une vie pour une vie.
Au bout d'un an, Rasgado apprit la triste nouvelle, il devenait un renégat traqué par le conseil, sa guilde avait éclaté et maintenant le conseil cherchait à cacher la vérité, le vieil homme ne pouvait pas cacher sa tristesse auprès de son fils adoptif. Francesco n'avait plus aucun espoir en ce système, tout ce qu'il avait appris du conseil, tout ce qui croyait été fondé était au final corrompu jusqu'à la racine. L'avarice, voilà quel été le mal qui rongeait l'homme. Alors que le jeune mage faisait d'étonnant progrès en écriture et en lecture et se découvrait un véritable talent pour les mathématiques et les finances. La magie qui devait être quelque chose de prodigieux restait pratiquement au point mort. L'enfant n'arrivait pas à produire de glace, Rasgado essaya de lui enseigner différents types de magie mais rien à faire, le jeune garçon se retrouvait incapable de canaliser le flux magique dans ses mains. C'est alors que vint l'idée au vieil homme de trouver un autre procédé. Regardant dans ses vieux bouquins poussiéreux, le vieillard se renseigna à propos d'un type de magie qui s'utilisait à la base du corps et qui s'expulsait avec fougue des pieds de l'utilisateur. Une autre année s'écoula avant que Francesco ne maîtrise parfaitement les rudiments de cette nouvelle magie mais à présent, il savait qu'il avait quelque chose de spécial en lui ! Tous les jours les deux hommes s'entraînèrent dans le froid hivernal, le jeune mage se forçant à ne plus utiliser ses mains afin de manipuler au mieux ses compétences.
Finalement les jours devinrent des mois et les mois des années et le Francesco qui n'était qu'un petit garçon des bas quartiers était devenu quelqu'un de civilisé en l'espace de cinq ans. Il n'était pas encore totalement formé que par un triste matin d'hiver Rasagado avait disparu, qu'était-il parti faire ? Pourquoi ne rien avoir dit ? Le jeune Francesco mis longtemps à se remettre de ce choc, il était une nouvelle fois seul et sans famille. Il avait beau chercher partout dans les grandes étendues blanches, il ne le retrouva jamais. Le vieil homme ne revint jamais. Dans cette maison isolée du monde, le jeune garçon avare de connaissance continua ses études en autodidacte, s'entraînant toujours avec la même rigueur. Il en voulut au conseil, si Rasagado était parti cela ne pouvait être qu'à cause de ces pourritures de conseil. Malheureusement, plus le temps passait, plus la haine contre les gens qui lui avait pris sa mère puis ceux qui lui avaient volé son père refit surface. Le garçon avait survécu grâce à sa haine et son envie de vivre, si c'était le cas, il devait aller jusqu'au bout des choses. Les trois dernières années de sa vive d'adolescent solitaire, le garçon les passa à la collecte d'informations, qui était réellement son père, que faisait-il et quels liens entretenait-il avec le conseil. Lorsque l'on cherchait correctement et le tout en proposant ses services de mage, c'est étonnant ce que l'on pouvait découvrir comme informations. Francesco devait commencer à la base, partir du bas de l'échelon et remonter lentement vers la tête de l'organisation. Tel le venin d'un serpent qui ronge petit à petit l'organisme de sa victime, le jeune Montona rongerait la mafia de son père. Âgé de 18 ans alors, le jeune homme s'installa en plein cœur de la ville qui l'avait vu naître, une ville qui n'avait jamais eu la chance de visiter malgré qu'il se trouvait à ses pieds.

Pergrande Kingdom – cinq ans plus tard – An 780
Francesco Motona ou plutôt Gashface comme on l'appelait à présent dans le métier était à présent un mafieux corps et âme. Le mage des glaces avait parcouru un sacré bout de chemin depuis les hautes montagnes de la frontière glaciale. Sa situation qui n'avait pas toujours été facile était à présent des plus confortables dans l'organisation. À cette époque de l'année, le jeune mafieux occupait le poste de chef de la section des tueurs à gages, il avait plus d'une fois approché son père de près sans pour autant pouvoir lui avouer qu'il était son fils. Il était encore trop tôt pour les chaleureuses retrouvailles mais il n'était pas à douter que son père devait déjà douter des liens qui les unissaient, plus le Francesco et plus il ressemblait au vieux Tony. Pourtant le plan du petit garçon n'avait pas été sans embuches, âgé de 18 printemps, il s'était alors présenté à ce qu'on pourrait appeler un petit "entretient" tout ce qu'il y a de plus anormal. Un truand avec qui il avait pris contact depuis quelques semaines afin de proposer ses services d'homme à tout faire venait enfin de prendre en compte sa requête. Alors qu'il avait enfilé son plus beau costard pour l'occasion, le jeune homme s'installa à une sorte de petite table où face à lui se tenait un homme bâillonné et ligoté mais surtout prit de panique, un inconnu. Soudain, une voix plus familière retentit, celle de son futur employeur : "Tue-le". Quoi ? On ne lui disait rien de plus ? Juste tuer ce pauvre innocent ? Mais pourquoi... Qui était-il ? Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Tant de questions qui hantaient le jeune mage. Le mage des glaces, avait été naïf, croyait-il qu'il suffirait de se pointer bien habillé, donner son nom et on l'accueillerait à bras ouverts. Non, ce monde ne fonctionnait pas de la sorte, il fallait prendre des vies pour grimper dans les échelons, il fallait toujours être à l'affut de ses ennemis et encore plus de ses alliés, ça il l'avait lu dans ses bouquins mais en pratique, c'était autre chose. Francesco n'avait alors jamais pris une vie, ce n'était pas chose aisée que voler la vie de quelqu'un, une fraction de seconde et cette personne cessait d'exister. Le mage se gifla intérieurement puis se força, on ne pouvait parcourir le monde de la vengeance sans accepter de plonger à bras ouverts dans les ténèbres. Tout ceci était un entretien ? Très bien, il devait donc impressionner la galerie. Francesco plongea son regard dans les yeux paniquaient de sa future victime puis d'une acrobatie digne de capoeira, il trancha la tête de l'individu à l'aide de sa magie. Francesco venait de signer un aller simple droit pour les enfers.

Rapidement les exploits du jeune mage à la cicatrice firent parler d'eux. Et petit à petit la rumeur du tueur à gages Gashface était né. Gashface, un nom qui lui convenait beaucoup plus, que ce monde de l'ombre craigne sa balafre, c'était tout ce qu'il était après tout : une cicatrice qui criait vengeance. Le mage put intégrer facilement le gang de Montona, il commença dès lors comme simple cleaner. La glace avait la particularité de pouvoir retirer et congeler des empreintes que personne d'autre ne trouvait. Son talent pour les affaires fit tout aussi parler de lui, certainement un talent qu'il avait reçu de son ordure de père, Francesco avait cette manière de négocier et de parler avec les mains si symbolique, les soupçons quant à ses origines s'éveillèrent rapidement mais c'était exactement ce qu'il voulait, que son père commence à le craindre. Tout allait bien pour le plus pourri des mondes jusqu'au jour où par le plus grand des hasards, Francesco rencontra à nouveau un visage qu'il avait oublié. Une magnifique brune, une nouvelle voisine de palier de porte, les formes généreuses et voluptueuses, un visage qui aurait rendu le fou le premier homme, il n'y avait aucun doute : c'était Lily. Bien que le jeune mage louât ses services en tant que propre gigolo certains soirs, il reprit contact avec son amie d'enfance qui l'avait malheureusement trahis. Il était comme attiré, il ne lui en voulait ni à elle ni à son père, il connaissait le pouvoir de l'argent et savait ce qu'il pouvait causer sur les hommes. L'argent était roi dans ce monde, tout pouvait être acheté avec de l'argent, des armes, des biens, des services mais aussi des choses qui paressaient pourtant immuables comme l'honneur ou la foi. Lily ne mis pas longtemps à succomber au charme du mystérieux mage des glaces, au fond d'elle, elle avait toujours été cette petite fille amoureuse de son sauveur.

D'une simple liaison, naquit quelque chose de plus fort, c'était plus qu'un amour naissant s'il continuait de s'attacher Francesco serait capable de renoncer à son ambiance. Tout ce qu'il avait fait jusque-là il ne pouvait pas abandonner tout cela. Pourtant les deux jeunes amoureux s’installèrent dans une charmante maison et des projets commencèrent à se construire malgré leurs jeunes âges. Lily voyait en son plus tendre amour, un homme bon qui avait su percer malgré les malheurs de la vie, de son côté Francesco se murait dans le mensonge, voyant en Lily sa chance de rédemption, son paradis avant de rejoindre son père en enfer. Mais alors que cette vingt-troisième année pointée le bout de son nez, une heureuse nouvelle l'attendait : Lily était enceinte. Malheureusement la nouvelle rongea Francesco, comment pouvait-il éduquer et élever un enfant dans ces conditions, il est non seulement encore bien jeune mais ce monde dans lequel grandirait son fils n'était pas une solution. Plongeait dans le tourment, le mafieux s'éloignait peu à peu de son amante, retournant à ses occupations de gigolo les soirs et revenant la plupart du temps ivre. Il était proche du but, si proche du but, son père avait eu vent de ses exploits et Francesco serait bientôt promu chef de la sécurité. Il pourrait travailler auprès de son père et ainsi un à un évincer les leaders de cette organisation pourrit pour en prendre la tête. Le temps était passé et la vengeance du petit garçon avait été autant corrompue que son âme, il voulait se venger des pourris mais il voulait tout autant le gros lot qui l'attendait à la clé et il parviendrait ! Quant à Lily, alors que la naissance arrivait à grands pas, cette dernière tomba dans un profond désespoir, finalement son amour de jeunesse n'était peut-être pas quelqu'un de bien. Francesco était profondément tiraillé, ne valait-il pas mieux que son père ? N'allait-il pas commettre le même crime impardonnable que ce dernier ? Pouvait-il reculer et accepter la chance que lui offrait sa bien-aimée ?

Alors que le quotidien catastrophique des derniers mois ne cessait de tourmenter le mage des glaces, une opportunité se présenta à lui, Frank le boucher serait seul et vulnérable lors d'un prochain coup de Montona. La chance qu'il avait toujours rêvé d'avoir se présenta devant lui mais au même moment, Lily qui ne croyait plus en ses mensonges lui posa l'ultimatum de sa vie : il devait faire le choix, sa vengeance et son ambition ou sa rédemption et sa vie avec elle ? Le fameux soir de l'ultimatum, Francesco resta longtemps à se questionner, accoudé seul à un bar. Il n'avait plus le choix, dans quelques minutes son chauffeur et ses complices viendraient le chercher pour achever le plan ou bien il pouvait encore fuir et rentrer auprès de celle qu'il aimait. Après quelques verres, Francesco n'arrêtait pas de voir le reflet de son propre père à travers le sien. Sa mère n'avait-elle pas tout fait pour le préserver de ça ? Lily ne valait-elle pas la peine qu'on s'occupe d'elle ? Finalement le choix fut fait, s'empressant de quitter l'endroit le mage de glace couru aussi vite qui le pouvait en direction de chez lui. Tant pis, il quitterait se monde obscure, il avait enfin trouvé une raison de vivre suffisante. Il courut aussi vite qu'il le pouvait, chaque pas faisant écho à ce vieux souvenir, celui où il avait découvert sa mère en sang. Pourquoi cette course était-elle aussi familière ? Pourquoi y avait-il une impression morbide dans l'air ? Arrivant essoufflé chez lui, Francesco le sourire aux lèvres, heureux d'annoncer qu'il la choisissait elle ouvrit la porte puis soudain, les ténèbres.
Lily était bel et bien là, accrochait au plafond, la corde autour du cou, son petit ventre encore bien rond et une chaise étalée au sol. Une lettre avait été rédigée cette fois. Elle avait attendu trop longtemps et pensait qu'il était trop tard, elle ne pouvait se résigner à mettre au monde un petit être si ce dernier ne connaîtrait que le désespoir. Francesco s'écroula devant la lugubre scène, pas une larme coulait son visage pourtant il était si triste, si haineux, haineux envers une seule personne : lui-même. Pourquoi n'était-il même pas capable de pleurer ? Sa femme et son enfant venaient de disparaitre... Était-il devenu un monstre à ce point ? Francesco n'avait à présent plus le choix, il était condamné aux enfers, il en était convaincu. Très bien, puisque le monde se résignait à détruire, tous ceux en quoi il chérissait, il se laisserait sombrer à petit feu, mais lorsqu'il tomberait il entrainerait avec lui ce système corrompu. Francesco avait tout perdu mais il n'avait pas le même temps d'être en deuil, sa double vie ne pouvait pas lui permettre d'être affecté par les évènements. Dès le lendemain, le jeune homme reprit ses différents emplois à la recherche de pognon et de pouvoir. Il avait loupé sa chance de tuer Frank, il avait déjà attendu treize ans, il n'était plus à une ou deux années près...

Fiore – huit ans plus tard – An 788
De nouveau un rêve, Francesco se tenait assis sur une chaise humant l'air frais des montagnes, il était dans cette petite maison de bois à la frontière de Pergrande. Depuis l'intérieur on pouvait entendre Rasgado et Elvira se quereller sur la cuisson de la tarte, non loin Lily était accoudée à la porte et le regardait puis soudain une petite fille au visage familier lui tira sur la manche avant de lui demander de la faire monter sur ses genoux avant de l'appeler papa dans des rires éclatant de joies. Francesco n'avait qu'une envie c'est d'être avec eux, sa très chère famille. Puis le rêve évolua petit à petit Rasgado disparu tel un courant d'air hivernal, le corps d'Elivra s'écroula sur le sol sans pudeur puis ce fut le tour de Lily et de la petite de ne devenir que des cadavres. Le mafieux tenta de s'échapper mais ce fut en vain, peu importe à quel point il forçait, il se retrouvait piégeait dans cette petite pièce, le sol se couvrit petit à petit de sang puis un amas de cadavres jonchait à présent le sol, chacune de ces victimes, tous ces visages, Francesco s'en souvenait parfaitement, toutes ces dizaines de personnes mortes, c'était ses victimes, ses meurtres. Puis alors que le rêve approchait de la fin un homme trôna d'un rire sardonique au sommet de cette pile de cadavres, c'était sans nul doute son père ! Gasface s'approcha alors de cet individu qui semblait être la source de ses problèmes mais alors qu'il se tenait face à lui, la seule chose qu'il était capable de voir n'était rien d'autre que son propre reflet, la cicatrice pour témoin.
Soudainement le mafieux se réveilla dans un sursaut, on venait de toquer à sa porte, surement son bras droit qui lui faisait signe qu'il était l'heure de se préparer pour son rendez-vous. Une femme dormait là juste à côté, Francesco ne se souvenait même pas de son prénom, elle lui avait donné du plaisir pour une nuit et ce sans être payé, était-ce donc ça la vie de parrain de la pègre ? Se levant énergiquement, le mafieux se prépara avant de faire signe à son bras droit qu'il fallait rémunérer la fille pour son service. Le mafieux avait beau être avare, il fallait savoir donner sa chance à tout le monde, un travail méritait salaire, c'est comme ça que marchait le monde des grands. Aujourd'hui il avait enfin obtenu rendez-vous auprès d'un certain dénommé Jugram. Un haut placé de la guilde tristement nommée Ouroboros. Le statut illégal de la guilde ne le dérangeait en rien et cette organisation avait un passé plus ou moins commun avec lui, il avait intégré la mafia pour se venger de la mort de sa mère, il intégrait à présent cette guilde pour se venger de son père que lui avait volé le conseil. Et puis en qu'est-ce qu'un riche mafieux, trafiquant d'armes, de drogues ainsi que d'artefacts en tous genres pourrait apporter à une guilde illégale ? Oh attendez, beaucoup de choses, non ? Francesco avait fait le voyage jusqu'à Fiore rien que pour ce rendez-vous, il n'était pas chose aisée que de réussir à contacter cette guilde mais lorsque l'on travaillait dans l'ombre en tant que tête pensante, on trouvait toujours un moyen de parvenir à ses fins.

Gashface fut conduit jusqu'au lieu de l'entretien puis à partir là, il fit à ses hommes qu'il se débrouillerait tout seul. Il marcha quelque temps, toujours mains dans les poches profitant de l'air frais de Fiore. Ce pays lui paressait magnifique, Lily aurait surement adoré venir ici, peut-être auraient-ils pu installer une petite boutique de fleurs, la petite se serait épanouie à une vitesse et puis d'autres enfants auraient suivi. Tout ceci rendit mélancolique le mafieux pourtant son visage resta impassible, complètement stoïque, juste ce sourire glacial et figé sur ses lèvres à tout jamais. Le mafieux arriva donc dans une sorte de petite cabane barricadée, il toqua à la porte selon le signal qu'on lui avait indiqué quelques jours plus tôt puis la petite porte s'ouvrit d'un coup, le laissant rentrer à l'intérieur. Face à lui, un homme aux cheveux mi-long, un air sombre et des yeux vifs et perçants, le tout accompagné d'un imposant bras en apparence en acier. Il était plutôt joli garçon, en tout cas Francesco avait eu affaire avec des gens plus repoussants, d'ailleurs les deux mages semblaient partager des particularités communes, ils étaient tous deux peu bavards et ne semblaient ne pas laisser transparaitre un seul sentiment. S’installant tranquillement à une table qui avait sûrement été préparée là pour cet effet. Un long silence prit place, Francesco le visage souriant et le mage d'Ouroboros un air particulièrement... eh bien, neutre. Finalement ce fut le mafieux qui prit la parole, parlant de quota, de rapport qualité-prix, d'intérêt et d'avantages. En clair il vendit plus que parfaitement sa candidature pour le poste de mage à la guilde. Il avait été éduqué dans cet unique but, le business, le pognon et la rentabilité alors lorsqu'il s'agissait de vendre ses mérites, il savait faire. Francesco expliqua alors qu'il avait des armes, des hommes de main, des contacts, du business et qu'il était prêt à tout mettre au service de la guilde si celle-ci l'acceptait et puis après tout peut-être que Gashface pourrait faire un peu de rentabilité pour Ouroboros.
Au final, cet entretient fut des plus calmes et pour une fois, on ne lui demandait pas de tuer quelqu'un. Heureusement, Francesco n'aurait pas aimé tacher sous nouveau costume avec le sang d'un innocent. La seule chose que ce dénommé Jugram lui annonça, c'était qu'il était prit et que ses services seraient utiles, enfin c'est ce qu'il en déduit du très bref discours de son futur supérieur. Cette guilde avait fait preuve de justice autrefois et c'est ce qu'il attendait d'elle avant tout. Il ne cherchait plus à tuer inutilement, il voulait détruire le conseil certes mais il voulait aussi retrouver des gens comme Rasgado, des gens qui lui rappelaient ceux pourquoi l'humanité valait la peine d'exister.